lundi 3 mars 2008

FIN ... et suites!

Voilà, depuis ce samedi 16 février 2008, nous avons donc rangés nos Vigoureux au garage, et ce "définitivement... jusqu'à nouvel ordre" selon la formule que nous avons trouvé. Après un peu plus de 8 lunes, 1 milliard de centimètres bien frappés, environ 4 millions de coups de pédales et pas loin de 250 bananes chacun...!!
Il n'y a ni remords, ni tristesse. Bien au contraire! Comment serait-ce possible après une telle aventure humaine?! Certes, quelques habitudes quotidiennes de notre mode de vie nomade qui nous plaisait tant vont nous manquer (la gamelle encore crasse des restes de la veille, les bains dans le premier lac venu, le déjeuner avec un nouveau décor chaque matin...), mais nous revenons la tête pleine de projets, le sac à souvenirs à la limite de déborder, renforcés dans nos valeurs et notre vision de la vie et nous sommes conscients de la chance que nous avons eu de vivre cette aventure et de l'avoir vécue sans soucis majeurs (les fuites, ça ne compte pas, aussi nombreuses fussent-elles!).
Nous avons été fondamentalement heureux sur les routes, mais nous sommes convaincus qu'une multitude de détails sont en partie applicables à notre société de sédentaires occidentaux et nous allons en tout cas tenter de mettre en pratique notre expérience du voyage au service d'un mode de vie un peu moins effréné et plus humain. C'est pour nous aujourd'hui la fin de la balade (de celle-ci en tout cas, car il n'est pas dit que notre soif d'apprendre et de découvrir ne nous poussera pas à repartir à plus ou moins long terme...) mais nous le voyons comme une étape dans la continuité. Le voyage n'aura été qu'un pas (nécessaire et important, à notre avis) pour nous aider à construire le reste de notre vie.

Nous revenons différents sans avoir changé. Nous avons évolué, grandi et mûri au fil du macadam, grâce à toutes les rencontres qui ont ponctué notre parcours. Nous sommes restés nous-même mais nous sommes aussi partiellement composés de tous ceux avec qui nous avons partagé une semaine, une soirée, 5 minutes ou un simple sourire. Il y a en nous un peu de chaleur tunisienne, de joie de vivre espagnole, d'abnégation roumaine, de gentillesse bulgare et d'ouverture d'esprit allemande. Nous avons encore en mémoire les cols alpins, la plaine hongroise, les marécages du Danube, les crêtes des Balkans, les collines humides (pour nous en tout cas, elles furent humides!) de Sicile et le plateau aride de Castille. Notre langue a prononcé du slave (bon, ok, l'accent n'y était pas tout à fait, mais bon...), nos yeux ont lu des phrases en cyrillique, nos oreilles ont entendu des sonorités arabes. Nous avons goûtés aux couscous épicés et nos estomacs ont stocké des réserves de bacon, Michaël a goûté à plusieurs alcools locaux et Nils a testé toutes les eaux publiques du parcours. Nos cheveux ont blondi sous la canicule, nos pieds gelaient momentanément dans l'hiver macédonien, nos yeux se plissaient pour affronter le vent de face et nos mollets ont gravis quelques pentes bien raides.
A l'image de notre essuie-vaisselle, nous sommes chiffonnés, un peu sales (bien que ca aille mieux depuis que nous reprenons des douches avec une fréquence plus conventionnelle...), légèrement déchirés, nous sentons un peu toutes les odeurs de l'Europe, mais à l'inverse de son collègue tout blanc tout neuf, nous avons VECU!!


En même temps, nous sommes conscients de n'avoir rien découvert (ou si peu), de n'avoir rien inventé (ça, c'est même certain!), nous avons juste découvert par nous-même et en pratique ce que nous savions parfois déjà en partie et théoriquement sur le fonctionnement du monde, la beauté de la nature et la diversité des occupants de notre planète. Et plus que tout, nous nous sommes (re)découverts nous-même, en trouvant nos limites et en nous épatant de nos capacités insoupçonnées.

Les réflexions qui ressortent d'une telle aventure sont innombrables et il serait impossible de tout aborder dans ce dernier postage. Mais parmi nos futurs projets, nous réfléchissons notamment à une manière plus complète de partager notre petite expérience, à travers un écrit plus complet et éventuellement de petites présentations illustrées. Mais dans tous les cas, nous serons toujours enjoués de partager une simple discussion avec ceux qui le désireront et de conseiller ceux qui voudraient vivre une expérience de vie semblable!

Nous voudrions aussi tous vous remercier, famille, amis et proches confondus, ainsi que tous ceux qui ont suivi ce cyber-carnet de voyage par hasard, pour votre soutien et vos encouragements dans cette aventure: lorsque l'on est sur la route et que les nouvelles sont clairsemées, on prend la pleine mesure de chaque petit mot qui nous est écrit, de quelques minutes passées au téléphone et de toutes les pensées positives qui nous sont parvenues par télépathie. Nous vous avions emporté sur nos portes-bagages, vous avez voyagé avec nous depuis le début et vous avez été de très agréable compagnie, nous tenions à vous le faire savoir!

Enfin, nous voudrions terminer en vous invitant à vous faire vous-même votre propre avis en... EXPERIMENTANT LE VOYAGE A VOTRE TOUR!!! Il n'y a pas besoin d'aller loin, il n'est pas nécessaire de partir longtemps, il faut juste être prêts à prendre le temps d'avancer tranquillement et à être assez souples pour se laisser entrainer par l'inattendu et l'imprévu. Nous ne saurions cependant trop vous conseiller de le faire à vélo, puisque celui-ci nous semble le moyen de transport le plus respectueux de l'environnement, des habitants des pays que l'on traverse, qu'il permet de passer presque partout tout en parcourant des distances respectables sur une journée et surtout, surtout, qui permet un contact facile avec les gens! Mais nous ne voudrions pas nous montrer insistant, chacun voyage à la manière qui lui convient le mieux... L'important étant surtout d'être prêts à s'élargir les horizons, paysagers et intellectuels...

Donc, rendez-vous sur les routes... Inch allah! Et pour vous laisser y méditer, nous voudrions terminer en citant Jacques Lanzmann : "Partir, prendre la route, c'est vivre à fond. C'est se fondre dans le paysage. C'est traverser les apparences et s'habituer aux différences".

Nils, Mike et nos supers-Vigoureux qui nous ont vraiment bien transportés et supportés!

7 mois plus tard...

En guise de ligne d'arrivée, une grange pour entasser ceux qui nous sont chers, histoire de pouvoir multiplier les accolades et partager les aventures de tous autour d'un bout de cake et d'un bon verre! La soirée vous semble si courte quand vous revoyez d'un coup tous ceux qui vous n'avez pas vu depuis des lustres...
Les amis nous taquinent (non, nous n'avons pas fait notre tour avec le mobile-home du voisin...), ils nous font rire, ils nous posent une multitude de questions, ils nous remettent à la page de ce qu'il s'est passé par ici, ils nous remplissent nos verres, il vident le leur plus vite que nous... Ils nous rendent follement heureux de tous les revoir!
Les plus petits de nos familles ont beaucoup grandi, les plus vieux ont rajeuni, les petites soeurs ont mûri, et pourtant, personne n'a changé! Quant aux mamans, elles ont vaillamment vécu l'épreuve...

La soirée se termine aux petites heures... Ils n'ont pas perdu les bonnes habitudes, nous non plus! Nous ne pouvions pas espérer mailleure apothéose à la plus belle aventure qu'il nous ait été donné de vivre à ce jour!

Retrouvailles...

Les 25 derniers kilomètres sont l'occasion de retrouver nos familles et nos amis au goutte à goutte, selon l'ampleur de leurs mollets! Mais avant tout, nous avons voulu revoir nos grands-mères, sachant que c'est pour elles que notre absence s'est le plus ressentie...
La grand-mère de Michaël: "haaaa non hein, vous n'allez pas dormir dans le garage...!!!"
La grand-mère de Nils: "J'espère que vous avez bien fait attention à ne pas prendre froid hein!!"

Et puis, les vaillants amis (d'autres se sont rajoutés plus loin sur la route), qui ont profité avec nous de la magnifique après-midi ensoleillée pour les derniers coups de pédale. Petit casse-croute improvisé, photo de groupe (très semblable à celle du départ début juillet... seuls les vêtements diffèrent!) et rayons de soleil pour illuminer cette après-midi de balade collective

Derniers kilomètres en solitaires sur les routes... On en attrape des visions fantasmagoriques!

On rencontre encore Eric et sa famille deux jours avant de rejoindre la Belgique. Une douche, une nuit dans un cabanon mobile et surtout une longue soirée (et la matinée qui suivit) de discussion et d'échange de nos expériences de voyage respectives. Babette, sa compagne, nous avait préparé pour souper les meilleures pâtes bolognaises qu'on ait mangé sur le voyage! Une famille où l'aventure fait partie de l'éducation et avec qui on s'est bien entendu senti beaucoup d'atomes crochus...

La jouissance ultime: traverser les autoroutes bondées de la périphérie parisienne depuis le pont d'une petite route à peine fréquentée!